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Brignoles : une dynamique FN à relativiser

Brignoles : une dynamique FN à relativiser

Le Monde.fr | 07.10.2013 à 16h23 • Mis à jour le 08.10.2013 à 17h32 | Par Jonathan Parienté, Maxime Vaudano et Samuel Laurent

Les électeurs du canton de Brignoles (Var) ont donné la majorité (40,4 %) de leurs suffrages à Laurent Lopez, candidat du Front national, lors d’une élection cantonale partielle, un scrutin rendu nécessaire par l’annulation de la cantonale 2012, déjà remportée par le parti de Marine Le Pen. Le candidat de gauche, le communiste Laurent Carratala, ne pourra se maintenir au second tour, où s’affronteront M. Lopez et la représentante de l’UMP, Catherine Delzers.

A quelques mois des municipales, cette cantonale était scrutée à la loupe par les partis et les médias. Et nombre d’entre eux ont réagi en évoquant une poussée importante du FN. Pourtant, il est possible de lire autrement cette élection, et de constater que c’est avant tout l’abstention qui bénéficie au Front national.

  • L’abstention, premier parti du canton

Laurent Lopez a recueilli 2 717 voix. L’autre candidat d’extrême droite, Jean-Paul Dispard, du Parti de la France, a, lui, bénéficié des votes de 612 électeurs, soit 9,1 % des suffrages exprimés. Au total, les deux hommes réunissent 3 329 voix.

La moitié des votants a porté son choix sur l’un des candidats d’extrême droite. Ils restent pourtant moins nombreux que les abstentionnistes. En effet, 13 815 personnes ne se sont pas déplacées, soit 67,6 % des inscrits.

Rapportés au nombre d’inscrits, les votes pour les deux candidats d’extrême droite représentent quelque 16 % des suffrages. Ils sont 4,7 % à avoir choisi le candidat communiste Laurent Carratala et 2,9 % la candidate écologiste Magga Igyarto-Arnoult.

En voix, le FN ne progresse que peu

Si on regarde l’évolution du nombre de voix qui se sont portées sur le FN, il n’y a qu’une faible progression : en 2004, le candidat du Front national obtenait au 2e tour 2 654 voix. Il en a cette fois 2 717.

Sur un canton comportant un total de 20 728 votants, le FN (en comptant le candidat dissident) obtient donc 16,06 % des voix des inscrits. En 2004, le canton comptait 16 660 inscrits, et le FN avait remporté les suffrages de 15,9 % d’entre eux. La progression reste donc faible.

Le canton de Brignoles ne s’est pas soudainement pris d’affection pour le Front national. Ce parti y réalise régulièrement de bons scores. Si l’on observe le nombre de voix qu’obtient le FN à chaque élection depuis 2007, on constate qu’il ne progresse quasiment pas : au premier tour de la présidentielle 2007, il obtenait 2 329 voix, soit 400 de moins qu’aujourd’hui.

Son meilleur score en voix a eu lieu lors du premier tour de la présidentielle 2012, avec 4 647 bulletins. Le parti est depuis dans une tendance… baissière : 3 666 voix au premier tour des législatives 2012, 3 139 lors de la triangulaire du second, et 2 718 dimanche.

L’effondrement des partis « de gouvernement », l’explosion de l’abstention

La dynamique est également intéressante du coté des autres partis. On voit très bien que les formations de gouvernement, UMP et gauche (PS – PC/Front de gaucheEELV) sont en chute quasi constante deuis 2007. L’UMP bénéficie des absences du FN (2e tours 2007 et 2012), mais lorsque le FN est présent au second tour, il réalise des scores proches de l’UMP (premier tour de la présidentielle et des législatives 2012).

Quant à la gauche, longtemps portée par les communistes, elle est elle aussi dans une dynamique baissière aux scrutins locaux. Il est également intéressant de regarder l’abstention. Si elle atteint un record en 2013, avec 13 815 inscrits qui ne sont pas allés voter, elle est très haute depuis longtemps : 10 552 abstentions au 2e tour des législatives, 6 922 au premier tour de la présidentielle 2012.

Ce qu’on peut noter, c’est la faible de mobilisation « républicaine » contre le FN lorsqu’il est au second tour : la participation n’augmente que faiblement.

  • Le FN a progressé dans la moitié des cantonales partielles depuis 2012

Dix élections cantonales partielles ont eu lieu depuis l’élection de François Hollande. Le score du Front national au premier tour n’a progressé que dans la moitié des cas. Le parti de Marine Le Pen a eu moins de réussite au second tour : outre l’invalidation de la cantonale de Brignoles, à Levens (Alpes-Maritimes), lors de la partielle de septembre 2012, il a échoué à se qualifier au second tour, comme il l’avait fait en 2011.

Le score du FN lors des cantonales partielles

Dix scrutins depuis l’élection de François HollandeScrutin régulier (2008 ou 2011)Election partielle (2012 ou 2013)Munster (juil 2012/T1)Le Vésinet (juil 12/T1)Brignoles (juil 12/T1)Brignoles (juil 12/T2)Maillezais (sept 12/T1)Ris Orangis (sept 12/T1)Levens (sept 12/T1)Levens (sept 12/T2)Sarre-Union (oct 12/T1)Montargis (oct 12/T1)Mantes-la-Jolie (juin 13/T1)Brignoles (oct 13/T1)Brignoles (oct 13/T2)0204060

Lorsque le FN était absent, son score a été porté à 0 %.

Seules deux des dix cantonales partielles ont conduit à un changement politique : en octobre 2012, l’UMP Marc Sené a supplanté le régionaliste David Heckel à Sarre-Union (Bas-Rhin). Au même moment, le FN Jean-Paul Dispard (désormais dissident) coiffait sur le poteau le communiste Claude Gilardo, élu depuis 1998 à Brignoles.

La participation lors des élections partielles est traditionnellement faible. La cantonale organisée dimanche 6 octobre ne contrevient pas à cette règle – et ce d’autant plus que la précédente partielle de 2012 avait été annulée.  La corrélation entre abstention et scores élevés de l’extrême-droite s’est vérifiée à maintes occasions. Mais la perspective d’une percée du Front national permettait à l’électorat de gauche de se mobiliser. Aujourd’hui en revanche, cette perspective, voire celle d’une victoire du parti des Le Pen, ne suffit plus à faire voter les électeurs de gauche. Signe s’il en était besoin d’une banalisation de ce parti, et d’une désafffection croissante à l’égard des partis « de gouvernement ».

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