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Samedi 30 novembre Palais du Pharo : Hommage à Gaston Crémieux !

Samedi 30 novembre Palais du Pharo : Hommage à Gaston Crémieux !

Un avocat pour les déshérités

Issu d’une famille juive du Comtat Venaissin, paraissant être apparenté au garde des sceaux Adolphe Crémieux (1796-1880), Gaston Crémieux, après avoir trouvé deux emplois de clerc, dont l’un à Paris, s’inscrit à la Faculté d’Aix en Provence, le 14 janvier 1856. Exempté du service militaire comme soutien de famille, il obtient sa licence en droit le 25 novembre 1856 et devient avocat à Nîmes (le 24 mars 1857).

Les difficultés sociales de la classe ouvrière l’émeuvent au point qu’il devient rapidement l’un de ses plus farouches défenseurs. Remarqué ar son éloquence et sa générosité, ses collègues le surnomment avec une pointe de mépris, l’avocat des pauvres. S’essayant au journalisme littéraire, il y gagne de beaux succès. En 1857, il fonde avec quatre de ses amis, un journal nommé l’Avenir, surveillé par la police pour lequel il est «dangereux au point de vue politique».

Un éducateur et un franc-maçon

En 1862, il quitte le barreau de Nîmes pour celui de Marseille (transfert officialisé le 10 décembre). En 1864, il rentre au Grand Orient de France, dans la loge «La Réunion des Amis choisis.» La même année, il épouse Noémie Molina, dont il aura trois enfants (le dernier prénommé Robespierre en hommage au dirigeant du Comité de salut public).

Ardent franc maçon et partisan de la liberté absolue de conscience, le jeune avocat marseillais s’implique alors, dès 1865, dans la création d’écoles publiques réservées aux adultes. En 1868, naît l’association phocéenne de l’Enseignement, de l’Instruction et de l’Education des deux sexes. C’est l’époque où des francs-maçons blanquistes et républicains (alors jugés d’extrême-gauche) tentent d’entraîner leurs Frères dans la voie de la lutte révolutionnaire, au service des valeurs de la République, démocratique et sociale.

En 1869, il soutient Léon Gambetta, alors marqué comme un radical. Ce dernier est élu député de la cité phocéenne. En dépit de quelques discours et de quelques articles violents, Crémieux n’est pas réellement un homme d’action. Néanmoins, il se veut de tous les combats et devient rapidement un personnage incontournable de la vie politique locale.

Le temps des Communes

Le 18 mars 1871, commence l’insurrection de la Commune parisienne; le 22 mars 1871, Crémieux prend la tête du mouvement insurrectionnel marseillais. Une manifestation composée de francs-tireurs, de garibaldiens, de gardes nationaux de banlieue et des restes de la garde civique prend sans effusion de sang la préfecture d’assaut. Crémieux marche avec, à ses côtés, le jeune Clovis Hugues, qui brandit le drapeau rouge de la république sociale (mais finira boulangiste !).

Le lendemain, la préfecture est envahie et les autorités destituées. Le Préfet Cosnier est fait prisonnier. Présidée par Crémieux, la commission départementale prend sa place et comprend 12 membres : des Radicaux (Job et Étienne), des membres de l’Internationale (Alérini), de la Garde nationale (Bouchet, Cartoux), et trois délégués du Conseil municipal. L’insurrection victorieuse, Crémieux déclare du haut du balcon de l’Hôtel départemental la solidarité de Marseille avec Paris, appelle la population à maintenir l’ordre et prône la réconciliation. La Commune marseillaise durera quinze jours.

Les dissensions entre la commune et le département occupent les trois jours suivants. Le 27 mars, arrivent quatre délégués parisiens : Landeck, Amouroux, Albert May dit Séligman, et Méguy. Landeck se met à la tête de la Commission, et traite tous les modérés, dont Crémieux, en suspects. Le lendemain, le général Espivent de la Villeboisnet, chef des troupes militaires du département, proclame les Bouches-du-Rhône en état de guerre et se déclare partisan du Gouvernement versaillais d’Adolphe Thiers.

Le 28 mars, l’ordre est rétabli dans les autres villes qui se sont érigées en Communes: Lyon, Toulouse, Saint-Étienne, Limoges, Narbonne…

A Marseille, où les luttes internes atteignent leur comble, la commission du département dissout le conseil municipal. Crémieux refuse que le drapeau rouge soit l’emblème de la commune. C’est avant tout un républicain, comme le rappelle le député Léonce Rousset.

Le 3 avril, le général Espivent fait marcher ses troupes (de 6000 à 7000 hommes) contre Marseille aux cris de «Vive Jésus ! Vive le Sacré-Cœur !». La lutte s’engage le 4 avril; elle va durer toute la journée. Prises en étau entre les marins et les troupes de chasseurs, pilonnées par les canons postés sur la colline de la Garde, le port sous la domination de deux navires de guerre, la ville et la préfecture ne peuvent pas résister longtemps. On compte plus de 150 morts.

Crémieux tente de parlementer, mais Espivent bombarde la cité; après avoir reçu 300 obus, la préfecture tombe le 5 avril à 7 heures du matin. Principal acteur de la Commune de Marseille, Crémieux refuse de s’enfuir. Il est arrêté le 8 avril dans le cimetière juif; son procès commence le 12 juin devant le premier conseil de guerre.

Pour défense, Crémieux rappelle qu’il n’a prononcé que des paroles de paix. « Montrez-moi ceux que Crémieux a fait fusiller, s’insurge son avocat.»

Mais l’accusation veut un exemple. Le 28 juin les débats sont clos. Le jour même, Crémieux à qui l’on reconnaît le statut de prisonnier politique est condamné à mort comme factieux incorrigible et conduit au fort Saint Nicolas puis, le 7 juillet, à la prison Saint Pierre.

Alors que sa femme, ses parents et ses amis tentent de le sauver, la Cour de cassation confirme le jugement. Dans sa prison, Crémieux écrit une pièce de théâtre en cinq actes en vers intitulée Le Neuf Thermidor ou la mort de Robespierre (Victor Hugo dira de lui à sa veuve le public aimera ce talent fier et fin, ajoutant que le public saura mesurer la grandeur du succès de ses œuvres à la grandeur du malheur (dont il fut victime)); le contempteur de Napoléon III demande sa grâce… en vain. Adolphe Thiers, lui-même d’origine marseillaise, plaide pour la grâce d’Etienne et de Pelissier. Il écrit à la femme de Crémieux : « J’aime beaucoup votre diable de mari. Il est un peu trop poète, mais il a du bon sens et nous ferons quelque chose de lui, aussitôt que ses cheveux auront blanchi » Noémie annonce à Gaston qu’il est sauvé. Mais Thiers, comme Scarpia, refusa-t-il la grâce, ou la demande-t-il ? Toujours est-il que le 24 novembre, les deux premiers sont sauvés, Crémieux est condamné.

« La Commission des grâces s’était montrée impitoyable envers cet homme dont les erreurs avaient été partagées par beaucoup d’autres moins durement châtiés, et qui n’était coupable, au demeurant, d’aucun crime de droit commun , dira Léonce Rousset. »

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