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Orientations Budgétaires de Marseille : Jean Marc Coppola fait un réquisitoire de la Politique de Gaudin sans concession !

Orientations Budgétaires de Marseille : Jean Marc Coppola fait un réquisitoire de la Politique de Gaudin sans concession !

Intervention de Jean Marc Coppola, FDG au CM de Marseille du 12 février 2018

 Rapport 26 ROB 2018       

Monsieur le Maire,

Les orientations budgétaires que vous présentez aujourd’hui ressemblent plus à un document de compilation d’intentions multiples et précipitées, qu’à un document préalable au budget 2018 qui sera proposé en avril prochain.

Ainsi en termes de projets et de réalisations, il est bien maigre.

Nous avons 55 pages de communication politique, pavés d’annonces, sans ambition réelle, ni réponse aux besoins sociaux des marseillaises et des marseillais.

55 pages marquées du sceau de l’austérité.

Ce cadre contraint vous permet d’égrainer les économies budgétaires et de vous mettre dans les clous de la politique gouvernementale du Président des riches.

Vous l’accompagnez par vos cadeaux aux grands groupes et aux banques…

Vous l’accompagnez dans le démantèlement des services publics particulièrement municipaux.

Vous participez à la stigmatisation des fonctionnaires, qui vivent mal cet ostracisme injuste et injustifiée par la remise en cause d’acquis que vous avez concédés sur le temps de travail, sur les primes qui ne venaient que compenser les bas salaires.

Vous les excluez de grands chantiers laissant penser, qu’ils ne sont ni capables, ni compétents.

Et demain cela permettra au gouvernement de les conduire vers la porte, tout cela au prétexte que la baisse des dépenses publiques serait salutaire.

Pourtant à Marseille, l’excuse d’une insuffisance de moyens publics ne tient pas, et cela, pour au moins 2 raisons.

La première est que vous ne vous battez pas auprès de l’Etat, pour obtenir les moyens publics nécessaires pour assurer, ne serait-ce, que les compétences de la Ville, comme l’école.

Vous avez ainsi vite glissé vers un PPP pour seulement 10 % des écoles à refaire, en ne laissant que peu de marges d’investissement pour les 400 autres établissements dont certains sont plus que vétustes voire dangereux.

Autre exemple, vous vous êtes vite substitué au désengagement de l’Etat en remplaçant la police nationale par la police municipale jusque dans certaines missions.

Vous municipalisez la sécurité, qui est pourtant une mission régalienne de l’Etat, par la multiplication des vidéos qui n’aident à régler que 1 % des affaires de voie publique.

Mais cette démagogie est tellement facile. Ça se voit, ça a l’air tellement moderne et surtout ça permet de ne pas parler des vrais problèmes comme la prévention réelle de la délinquance.

La preuve de l’inefficacité de cette phobie technologique est que ça n’enraille pas les trafics en tout genre, et ça ne permet pas de retrouver les auteurs des règlements de compte, toujours aussi nombreux.

Par contre cette politique sécuritaire coûte en argent public pour financer des officines privées.

La seconde raison que la contrainte budgétaire est un faux argument, tient au fait que vous ne vous êtes pas servis des leviers financiers disponibles, alors que nous formulons des propositions.

Par exemple : les fonds européens. La deuxième ville de France n’a sollicité et obtenu que 1 % des fonds européens sur plus d’un milliard d’euros décrochés au plan régional.


1% et je suis généreux, alors que la population de Marseille représente quasiment 20 % de la population de Provence Alpes Côte d’Azur.

Nous vous avions fait la proposition de contracter des emprunts auprès de la Banque Européenne d’Investissement pour un grand Plan Ecole.

Vous préférez remettre les clés des écoles publiques au privé et aux banques via un PPP, avec des taux d’intérêt colossaux et vous hypothéquez ainsi les conditions de l’éducation publique des enfants.

Autre sujet. Vous parlez de dynamique sportive mais la ville est sous équipée et il n’y a aucun plan concret de rattrapage du retard et de correction des inégalités pour développer le sport pour tous et profiter de l’accueil d’épreuves des Jeux olympiques à Marseille pour redonner du sens à l’olympisme comme jeux de Paix et activité d’émancipation humaine.

Pire, quand vous avez l’opportunité de tirer avantage d’un partenariat avec le privé comme l’opération du stade Vélodrome, c’est le pâté d’alouette : un cheval, une alouette, en acceptant une redevance deux fois inférieure à ce que la Ville propriétaire serait en droit d’obtenir.

Enfin sur les transports et la mobilité, depuis 2013 l’Etat vous fait miroiter 2,5 MM€ pour refaire la gare Saint Charles, et vous ne réclamez rien.

Vous attendez sagement, à l’instar de votre vice-président à la Métropole.

Du coup non seulement, la gare ne sera  pas refaite avant des décennies, mais il n’y aura pas un centimètre de rail de plus ni pour le tramway, pour le métro d’ici la fin de ce mandat.

Même la mise en service des 500 mètres de métro de Bougainville à Capitaine Gèze, devient l’arlésienne ou plutôt le chantier le plus long de ce début de siècle.

Heureusement que pour la L2, la Ville n’était pas dans la négociation, sinon cette rocade n’aurait vu le jour qu’en 2050.

A ce propos, hormis une intention, il n’y a toujours rien de concret pour le réaménagement de la rocade du Jarret qui est l’axe le plus pollué et le plus dangereux en terme de santé publique, alors que nous soulevons le problème depuis des décennies.

Rien n’est fait non plus, pour enlever de l’automobile en centre-ville, tellement l’affaire est juteuse pour les sociétés privées gérant les tunnels, les parkings, demain la fourrière…mais sans aucune retombée financière pour la Ville sauf les amendes.

Mais derrière cette conception, il n’y a pas que des questions économiques et financières.

Derrière cette gestion sans vision à moyen ou long termes, est remise en cause la gestion publique, c’est-à-dire la gestion citoyenne des biens publics, la prise en compte des besoins sociaux, l’intérêt général et la cohésion sociale.

Pourtant Marseille a des atouts, en commençant par sa population prête à s’engager, à participer.

 

Marseille est une belle ville, singulière, attrayante, attachante, un des plus beaux sites de France, mais ceux qui le peuvent, la fuient aussi vite qu’ils en sont tombés amoureux.

Marseille a une belle jeunesse, mais une partie est discriminée, sacrifiée en ne leur donnant pas, non pas la chance, mais les moyens et les droits de vivre dignement.

Marseille est connue, visitée, appréciée pour son histoire, son patrimoine, ses vestiges comme héritage.

Or depuis 23 ans l’héritage que vous avez construit et que vous léguez aux futures générations, ce sont des dettes, qui viennent s’ajouter aux impôts, aux  taxes injustes, aux prélèvements pris dans les poches des plus modestes.

L’héritage c’est le creusement du plus grand fossé de l’histoire du libéralisme : les inégalités.

Et tout cela commence à se voir et à devenir insupportable.

Alors les illusions tombant peu à peu, en grand politique que vous êtes, vous avez trouvé cette année le slogan imparable : l’Amour.

On se croirait revenus aux années baba cool, autour de l’année 68 : « love and peace ».

Mais l’Amour de qui ? de quoi ?

L’Amour entre pauvres, entre précaires, entre gens spoliés, comme au parc Kalliste, avec des trafiquants, des passeurs, des marchands de sommeil qui font des affaires.

L’Amour avec des barrières, pour expulser les migrants, jeunes ou moins jeunes, les Roms, dont certains survivent à Marseille depuis 5 ans ou plus.

L’Amour, vous le mettez dans le chapitre « Culture », mais qui débute, une fois encore, par « un contexte budgétaire contraint » pour limiter toute velléité de création, d’innovation, de rêves.

Or comme disait le poète Pierre Reverdy : “il n’y a pas d’amouril ny a que des preuves d’amour”.

Je doute que ces preuves viennent dans le budget primitif pour embellir la ville, et rendre la dignité à tous ses habitants quel que soit le quartier.

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