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(9) Coronavirus point de vue / Le temps des alternative sonne à notre porte : Tourner le dos  aux délocalisations  – Pour un service public du médicament –

(9) Coronavirus point de vue / Le temps des alternative sonne à notre porte : Tourner le dos aux délocalisations – Pour un service public du médicament –

 Propos recueillis par Emma Conquet du quotidien de la Marseillaise

 Anthony GonçalveS est cancérologue à l’Institut Paoli-Calmettes de Marseille et candidat aux Européennes de 2019 sur la liste du Parti communiste menée par Ian Brossat ainsi qu’aux municipales de mars 2020 sur la liste du Printemps marseillais. Pour répondre au risque de pénurie, provoqué par la pandémie, il soutient l’idée d’un service public du médicament.

 La Marseillaise : Certains hôpitaux pointent du doigt le risque d’une pénurie de médicaments. Comment la France en est-elle arrivée là ?

 Anthony Gonçalves : Le problème général en France, c’est qu’une grande partie des médicaments utilisés en médecine, et en particulier dans un certain nombres de maladies comme le cancer, sont fabriqués dans des usines qui ont été, au fil du temps, délocalisées en Asie. Dans une période où les échanges sont devenus très compliqués voire suspendus, cela éveille des inquiétudes. Les pénuries de médicament existaient déjà avant la crise et peuvent se multiplier. Cela pose franchement la question de la relocalisation de ces activités. Pas seulement pour les médicaments d’ailleurs, mais c’est un problème qui est particulièrement mis en évidence aujourd’hui.

 Pourquoi avoir délocalisé cette industrie, qui apparaît aujourd’hui comme essentielle dans le pays ?

A.G. : Je pense que les délocalisations sont essentiellement réalisées dans des objectifs financiers. Il s’agit d’accroître la rentabilité en se servant des conditions sociales particulières dans les pays d’Asie, et dont on connaît les principales victimes. Il faut y mettre fin. On en parlait déjà avant la crise du Covid-19 pour des raisons de justice sociale ou de respect de l’environnement. Il y avait déjà tout un tas de bonnes raisons et on est amené à l’avenir, à faire face à de nouvelles pandémies.

Quelle solution envisageriez-vous pour éviter une pénurie de médicament à l’avenir ?

A.G. : Il faut non seulement relocaliser mais il faut aussi socialiser cette activité. C’est-à-dire qu’il faut en faire un service public. Tout le monde est en mesure de comprendre combien ces activités humaines, pour qu’elles soient maintenues en situation de crise, nécessitent d’être gérées pour le bien public. Tout le monde s’aperçoit du caractère non-marchand et indispensable aux êtres humains des médicaments. Donc il faut produire ces éléments nécessaires à la vie. Les médicaments ne peuvent plus être considérés comme des marchandises, au même titre que les voitures, les télévisions, les ordinateurs. Cette crise fait l’effet d’une loupe grossissante sur ce qui devrait être un bien commun.

Concrètement, comment imaginer cette relocalisation ?

A.G. : Il est nécessaire qu’on créée une structure publique. Cela peut se concevoir à l’échelle nationale ou à celle de l’Union européenne. L’important, c’est que la production de médicaments soit gérée par le public, avec des actes uniquement dictés par l’intérêt de santé publique et non pas par des intérêts commerciaux. Une liste de médicaments essentiels est fréquemment mise par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce pôle public de médicament pourrait être chargé de produire des médicaments totalement indispensables à la santé publique, du fait de leur caractère essentiel dans la guérison de malades. Je peux vous donner l’exemple du trastuzumab, un anticorps thérapeutique utilisé contre le cancer du sein. C’est sophistiqué, il faut savoir le produire. À l’heure actuelle c’est fabriqué par des laboratoires pharmaceutiques à visée commerciale. On peut très bien produire des médicaments comme on fait fonctionner un service public quand il s’agit de faire rouler des trains ou produire de l’électricité. On sécurise ainsi l’approvisionnement pour éviter la pénurie et sans être à la merci de je-ne-sais-quelle crise internationale.

Ce pôle public ne risque-t-il pas de coûter cher à l’État ?

A.G. : C’est vrai que c’est un investissement important de produire des médicaments mais il faut voir aussi un certain nombre de choses que l’on va gagner. Il y avait aussi un gros débat avant la crise sanitaire sur le fait qu’un certain nombre de médicaments que nous utilisons contre le cancer par exemple, ont des prix exorbitants et qui pèsent sur les budgets publics. Parce que le marché du médicament a cette particularité en France, d’être garanti par un payeur social : la caisse d’assurance maladie. C’est-à-dire que quoi qu’il arrive, celui qui paye n’est pas celui qui consomme. Heureusement. Un pôle public du médicament, c’est aussi des économies réalisées. Ce n’est donc pas dit qu’on y perde.

Propos recueillis par Emma Conquet

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